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bouquine-bouquin

23 mars 2024

Le grand secours

Le grand secours / Thomas B. Reverdy - Flammarion, 2023 - 317 p. ; 21.50€ (prêté par Frédé, merci !)

"Il est 7 h 30, sur le pont de Bondy, au-dessus du canal. C'est un de ces lundis de janvier où l'on s'attend à ce qu'il neige, même si ce n'est plus arrivé depuis très longtemps. Sous l'autoroute A3 qui enjambe le paysage, un carrefour monstrueux, tentaculaire, sera bientôt le théâtre d'une altercation dont les conséquences vont enfler comme un orage, jusqu'à devenir une émeute capable de tout renverser." (4ème de couv.)

L'auteur déploie son roman Comme dans une tragédie : unité de temps (une journée), unité de lieu (un quartier et un lycée en REP à Bondy). Un lycéen réservé, Mo,  et secrètement amoureux de Sarah, une prof de Français courageuse et ses collègues qui essaient néanmoins  de remplir leur mission, un écrivain un peu paumé qui est invité ce jour-là pour intervenir dans les classes, la police dépassée et un environnement délétère, les réseaux sociaux... Roman choral,  véritable tragédie, tous les évènements de cette journée vont converger vers un final fatidique, une émeute.

Constat sans appel de ces quartiers abandonnés, une société malade qui tente de canaliser la pauvreté dans des périphéries, sans espoir. Roman sombre qui offre aussi quelques sourires et des moments d'espoir. et qui fait la part belle à la littérature.

J'ai bien aimé ! A lire !!!

« Traverser la nationale et passer sous l'autoroute », c'est ce qu'elle a écrit au-dessus de son plan envoyé par mail. Un dessin au feutre. Et vu d'ici, en effet, c'est assez clair. La nationale qui longe le canal depuis Paris passe sous une espèce d'échangeur. L'autoroute A3 se scinde là pour envoyer vers la N3, à droite et à gauche, des rampes qui descendent et tournent en pente douce, et font une véritable voûte au-dessus du carrefour où les rues de la ville rejoignent les deux fois trois-voies de la nationale. Des feux orchestrent le ballet des files interminables de voitures et de bus qui se croisent ici chaque matin."

"D'une langue vive comme le feu qui embrase le quartier, le romancier dessine avec une acuité sans concession cet état des lieux. Il nous fait partager la colère et la tristesse de la jeunesse, la violence policière, le racisme ordinaire, la persévérance et le courage des professeurs, seuls face à la charge de plus en plus lourde qui leur est imposée, et qui tentent le tout pour le tout dans des classes de 36 élèves avec l'espoir toujours chevillé au corps d'accomplir leur mission." (France Info)

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19 mars 2024

Le café où vivent les souvenirs

Le café où vivent les souvenirs / Toshikazu Kawaguchi (trad. du japonais Géraldine Oudin - Albin Michel, 2023 - 246 p. ; 18.90€ (prêté par Caroline, merci !)

C'est le troisième volume de cette même histoire. Dans un café, en s'asseyant à une certaine place, on peut retourner dans le passé pour rencontrer une personne connue mais on ne peut pas modifier la suite de leur vie et ni de la nôtre. (cf "Tant que le café est encore chaud" (2021)  et "Le café du temps retrouvé" (2022).

"La saveur du passé peut transformer le présent..."

Je ne vais faire bref (j'ai beaucoup de retard dans mes bouquins à présenter !) car il n'y a pas grand intérêt à lire celui-là, c'est sensiblement la même chose que les autres, sauf qu'en plus, j'étais perdue dans les personnages !!

J'avais bien aimé le premier volume car je l'avais trouvé original et doux, le deuxième volume m'avait déjà moins emballée et celui-ci, j'aurais pu m'en passer.

13 mars 2024

Mahmoud ou la montée des eaux

Mahmoud ou la montée des eaux / Antoine Wauters - Folio, 2023 - 168 p.

Un vieil homme en Syrie se rend en barque chaque jour sur le lac artificiel  el-Assad*, sous lequel sa maison et son village ont été engloutis en 1973. Avec un tuba et des palmes, il plonge aussi, plongeant dans ses souvenirs et redonnant vie à ceux qu'il a aimés. Ce texte en vers libres est aussi un prétexte pour faire resurgir le passé, son enfance paisible, sa première femme, Paris, la guerre, la prison, les tortures, la dictature, les morts.

« Quels mots pour dire une terre qui survit au massacre de l'enfant ? »

(*11 000 familles ont été déplacées pour la construction de ce gigantesque barrage.)

Ce très beau texte est un chant d'amour funèbre dédié à son pays et aux siens, un poème rêveur et douloureux. J'ai été très touchée par la douceur, la tendresse et la mélancolie qui émane de ce monologue. Splendide ! Un coup au (de) coeur. A lire !!!!!!

"Les mots comme des filets à papillons
pour nos causes perdues.
Une barque à mi-chemin entre
les mondes.
J'ai écrit.
Je me suis allongé sur le miroir
des mots.
L'eau des mots.
J'ai plongé.
L'écriture comme une barque
entre mémoire et oubli." (p.100)

« Mahmoud.
Il faudra que tu rentres, tu sais.
L'eau monte et elle t'emportera.
Elle coulera jusqu'aux plaines de l'Irak, noyant
les femmes et les enfants, emportant les barques
des pêcheurs et le dernier rire des bergers. »

Antoine Wauters est un écrivain belge de langue française né en 1981.

https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=mahmoud+ou+la+mont%C3%A9e+des+eaux#fpstate=ive&vld=cid:5c7b4cfe,vid:fgKGjCPf38A,st:0

 

25 février 2024

Chroniques de Tahiti tome 1 : L'arbre à pain

Chroniques de Tahiti tome 1 : L'arbre à pain / Célestine Hitiura Vaite - 10/18, 2021 - 395 p.    (prêté par Anne, merci !)

l'arbreàpainChronique d'une famille polynésienne dans un quartier populaire de Tahiti. Il y a Materena, la mère, femme de ménage et mère de trois enfants, son compagnon, (son tane) Pito, buveur et un rien paresseux, sa belle-mère Mama Roti, sa mère Loana et toute une galerie de personnages hauts en couleur ! C'est un récit parlé, très vivant, chaque chapitre étant prétexte à une histoire, une saynète qui met en lumière tel ou tel personnage, telle ou telle situation comique ou dramatique et le franc-parler très coloré et truffé de mots locaux nous donne un accent de réalité et nous plonge dans leur quotidien et leurs croyances.

C'est distrayant, drôle, animé mais aussi sensible. On participe aux rêves de Materena au grand coeur et à sa vie difficile mais empreinte de courage. Un glossaire à la fin nous permet de vérifier si l'on a bien compris certains mots écrits en tahitien. Une bonne détente !

J'ai bien aimé ! A lire !

"Loana dit que maintenant elle est fiu (fatiguée) des hommes et bien contente comme ça. Elle va où elle veut aller, pas besoin d'autorisation, de permis de sortie, personne l'embête, personne lui demande où tu vas, quand tu reviens, avec qui tu sors, et patati et patata.
D'ailleurs elle ne sort pas. Elle aime bien rester dans sa maison."

( Ati est très actif dans le parti d'Oscar Temaru, indépendantiste tahitien] :
Loana regarde Ati comme si elle était une maîtresse d'école et lui, son élève." Ati, ta mère, elle fait toujours le ma'a (repas) pour toi et elle lave tes linges pour toi et elle nettoie après toi, hein ?"
" Oui, et aussi elle... commence Ati, déconcerté. Mais qu'est-ce que ma maman a à voir avec l'indépendance ? "
Loana se lève. Il est tard et elle rentre, mais elle a une chose à dire à Ati avant de partir : " Indépendance, mon cul."

 

23 février 2024

Un si gros ventre

Un si gros ventre : Expériences vécues du corps enceint / Camille Froidevaux-Metterie - Stock essais, 2023- 228 p. ; 19.90 € (prêté par Vincent, merci !)

"La grossesse est un moment de grande dépossesssion."

unsigrosventre"Agréable ou pénible, exaltante ou angoissante, intime et sociale, la grossesse est une expérience à la fois profondément individuelle et éminemment politique.
Parce que la maternité a longtemps été le destin « naturel » des femmes, il leur a fallu s’en affranchir et conquérir la liberté de choisir d’être mères ou pas. Mais, aussi libre soit-il, le choix de la maternité n’en reste pas moins synonyme de charges et de doutes, y compris – et peut-être même surtout – durant la période de gestation. Être enceinte, c’est se soumettre aux regards, aux commentaires et aux normes qui prennent le contrôle de ce si gros ventre."

Camille Froidevaux-Metterie (née en 1968) est philosophe, chercheuse et prof de science politique, elle est l'autrice également de La révolution du féminin (2015), le corps des femmes (2018), Seins (2020), Un corps à soi (2021), et un roman : Pleine et Douce (2023)

Pour écrire cet essai, la philosophe a passé trois mois en immersion à l’hôpital Bichat, à Paris, où des femmes ont accepté de lui confier la manière dont elles vivent leur grossesse. Ces entretiens, comme l’usage de la première personne, permettent à Camille Froidevaux-Metterie de fonder sa pensée sur l’expérience sensible.

le mieux est de l'écouter : https://www.youtube.com/watch?v=MVw_m44DgnM

J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage essentiel qui rejoint beaucoup de mes réflexions !! A lire !!

 

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12 février 2024

Les silences des pères

Les silences des pères / Rachid Benzine - Seuil, 2023 - 171 p. ; 17,50 € (bibli)

"Il a fallu qu'il meure pour que je revienne".

lessilencesdespèresAmine est un pianiste de renommée internationale. Au décès de son père venu du Maroc pour s'installer en France pendant les Trentes Glorieuses, le fils Amine, le narrateur, doit retourner à Trappes pour vider l'appartement. Ce père taiseux, il ne l'a plus vu depuis fort longtemps (22 ans !), un mur d'incompréhension et de non-dits s'étant dressé entre eux peu à peu. Par hasard, il découvre des cassettes audio et alors, la vie de son père surgit ainsi, son histoire, ses silences et les non-dits sont enfin révélés. Tout ce qu'il n'a jamais su, imaginé, demandé. Il va découvrir un homme droit, fidèle et solidaire, un ouvrier combatif engagé dans la défense des droits des travailleurs immigrés.
un père courageux qui s'est sacrifié pour sa famille et qui était très fier de son fils...

Sobre, délicat et puissanr, ce livre interroge le silence des pères, leur incapacité à raconter leur histoire à leurs enfants. Mais c'est aussi les silences des enfants qui n'ont pas pris la peine de demander, de s'intéresser. Et c'est aussi le silence assourdissant du sort réservé aux personnes issues de l'immigration en France depuis toutes ces années. La parole se libère peu à peu, espèrons que leurs enfants et/ou petits-enfants pourront de construire sans regret et sans haine.

"Un jour, après le conservatoire, je me souviens, il pleuvait des cordes. Je m’étais précipité dans le bus avec mes camarades. Mon père s’y trouvait déjà, monté à un arrêt précédent, il rentrait du travail. En me voyant, il avait baissé la tête et était descendu à l’arrêt suivant, si loin de notre cité. À travers la vitre, je l’avais vu marcher le long de la voie du bus remontant le col de sa veste. Une heure plus tard, il était arrivé trempé à la maison. Je n’avais pas su ni même lui demander pourquoi il était descendu. Mon père redoutait que sa seule présence me fasse honte devant mes amis musiciens. « Je ne suis pas assez bien pour lui et la vie qu’il doit mener », voilà sans doute ce qu’il s’était dit."

5 février 2024

Un chien à ma table

Un chien à ma table / Claudie Hunzinger - J'ai lu, 2023 - 285 p. ; 7.80 €

unchienàmatable Sophie, écri-vaine et Grieg, son compagnon, âgés tous deux de 80 ans environ, vivent quasiment reclus au fond des bois dans une bâtisse sommairement retapée, les "Bois Bannis". Ils se contentent de peu (à part les livres !) et font de très rares incursions en ville pour leurs quelques courses nécessaires. Ils ont fait ce choix de vivre hors du  monde humain qui court à sa perte. Un soir, une petite chienne blessée arrive, on ne sait d'où. Cette nouvelle venue va changer beaucoup de choses pour eux et plus particulièrement pour la narratrice, la romancière.

J'ai acheté ce livre car le titre me plaisait et je ne regrette pas, c'est un roman que l'on n'oublie pas. Il y flotte une sincérité, une poésie, une atmosphère très originale. C'est une ode à la nature, à la place des humains sur cette terre, à la vieillesse, à la littérature, à la vie. Certaines pages sont superbes. Beau travail d'écri-vaine.   Magnifique roman. A lire !!

(...) "alors pensé : je veux bien être devenue vieille, d'accord, je prends la vieillesse et son corps déglingué, mais je prends aussi l'inconnue qui va avec elle ! J'avais oublié l'inconnu. N'oublie pas l'inconnu. Et j'ai longuement pensé à l'inconnu devant moi, et la vieillesse m'a semblé devenir une sorte d'expédition en zone inconnue. Je l'ai pris comme ça. Je me suis dit, je vais écrire le livre de cette expédition."

"Écrire un livre qui fasse battre les coeurs, voilà à quoi j'ai alors pensé. Et battre le mien, pour commencer, me suis-je dit. C'est la seule chose qui m'intéresse aujourd'hui. Sentir mon coeur battre encore. Je ne vais pas déjà la fermer. C'est trop tôt. Sauf que mes nouvelles chaussures, ça ne suffira pas pour porter mon corps déglingué au-devant de ce livre pourpre à écrire encore. C'est alors que j'ai pensé au désir. Est-ce qu'il est toujours là, le désir ? Bien sûr qu'il est là. Il est toujours là.
Qui me sort du lit, le matin?
Qui me tire dehors, pas loin mais quand même ?
Qui m'appelle là-bas ?
Lui. Le désir.
Je désire encore le dehors de façon démesurée.
J'ai donc aussi le désir pour moi."

 

2 février 2024

Le vieil incendie

Le vieil incendie / Elisa Shua Dusapin - éditions Zoé, 2023 - 140 p. ; 16.50 €  (prêté par Frédé, merci !)

levieil incendieDepuis plus de quinze ans, Agathe était partie travailler à New York, laissant là son père et sa soeur Véra, aphasique depuis l'âge de 6 ans.     Au décès de son père, elle revient dans la maison avec sa soeur car il faut la vider et la vendre (la maison, pas la soeur !). Entre les souvenirs, heureux et malheureux, qui affluent, la relation difficile à sa soeur car elle se sent coupable de l'avoir abandonnée et le tri à faire dans la maison, les sentiments de Véra jouent les montagnes russes. Vont-elles réussir à se retrouver et s'aimer ?

Une ambiance feutrée dans la campagne périgourdine, une histoire qui se découvre par petites touches, une écriture sensible, c'est un beau petit livre étrange que j'ai eu plaisir à lire !

"J'ai de la peine à me rappeler que nous avons été indissociables. Nous avions les mêmes timidités, les mêmes craintes de la vie sociale. On ne se chamaillait pas. Notre langue de silences et de cris nous a réunies."

"Tu sais, il y en a qui disent que c’est quand on aime le plus, qu’on dit les choses qu’on pense le moins."

27 janvier 2024

La Sentence

La sentence / Louise Erdrich (trad de l'américain Sarah Gurcel) - Albin Michel (Terres d'Amérique), 2023 - 448 p. ; 23,90 € (bibli)

lasentence«Quand j’étais en prison, j’ai reçu un dictionnaire. Accompagné d’un petit mot : Voici le livre que j’emporterais sur une île déserte. Des livres, mon ancienne professeure m’en ferait parvenir d’autres, mais elle savait que celui-là s’avérerait d’un recours inépuisable. C’est le terme "sentence" que j’y ai cherché en premier. J’avais reçu la mienne, une impossible condamnation à soixante ans d’emprisonnement, de la bouche d’un juge qui croyait en l’au-delà.»

Louise Erdrich nous convie ici à suivre l'histoire de Tookie, d'origine amérindienne, mal partie dans la vie de misère et condamnée à 60 ans d'incarcération (après un délit rocambolesque, je vous laisse le découvrir !). Elle est finalement libérée sous-condition après 20 ans (quand même !). Le récit est donc à la première personne, c'est elle qui a la parole et nous partage sa vie et ses émotions. Tookie est mariée à Pollux, un flic en retraite (c'est lui qui l'a arrêtée, c'est une longue histoire que je vous laisse aussi découvrir !). Passionnée de lecture, elle travaille dans une librairie de Minneapolis spécialisée dans la littérature autochtone (qui ressemble fort à la vraie librairie de l'autrice). Tout irait bien si Flora, une cliente récemment décédée, ne venait hanter la librairie, spécialement quand Tookie y travaille seule. Quel est son message ?

Un récit qui donne la voix à ceux qui n'en ont pas, des personnes confrontées au racisme ordinaire et à l'intolérance. (la ville va vivre la crise sanitaire et le terrible assassinat de  Georges Floyd et les manif qui ont suivi).

Le style puissant se mêle au langage parlé. Humour, amour, histoires de vies, j'ai appris beaucoup de choses sur les Amérindien.ne.s. On plonge dans la culture et les souffrances de ce peuple dévasté par la colonisation. J'ai beaucoup aimé l'histoire de Tookie, de sa famille et de ses amis, le contexte socio-économique et l'amour des livres, très présent. A la fin du roman, il y a d'ailleurs une "liste totalement partiale" des livres préférés de Tookie. Seule, l'histoire du fantôme de Flora ne m'a pas accrochée. Et vous ?

"C'était l'heure dorée. Elle clôturait une journée de répit dans la chaleur de plomb. Une brise fraîche faisait parfois tomber de minuscules pommes vertes. La garde nationale était partie, et les personnes déplacées par la Covid et les émeutes campaient ou cherchaient un abri ; en chemin, on avait vu des grappes de tentes par dizaines. Mais la ville gardait ses profondeurs vertes. Nous étions assis chacun de notre côté du tout petit jardin d'Asema, Pollux et moi sur de vieilles chaises en métal bleu, elle sur une chaise en aluminium d'où pendait un filet en plastique rouge. Les feuilles effilées d'un févier dansaient, chatoyantes, dans les rayons obliques du couchant. Sous leurs ombrelles de feuilles mouchetées, les fleurs de courgette illuminaient le jardin négligé. Des bourdons au lourd arrière-train et des libellules fuselées allaient et venaient dans le mauve intense des monardes sauvages.
Un jeune hanneton curieux s'est immobilisé devant mon visage et j'ai retenu mon souffle. On m'adressait des adieux. Quand l'insecte a disparu, j'ai fermé les yeux pour retenir son iridescence. "Au revoir petit Dieu." (p. 335)

A lire ! (J'avais lu il y a fort longtemps "la chorale des bouchers" (2005) de cette écrivaine, je me souviens que j'avais beaucoup aimé !).

"Le fait est que la plupart des Indiens doivent effectivement piocher ici et là pour débrouiller leur identité. Nous avons subi des siècles d'effacement. On nous a condamnés à vivre dans une culture de remplacement. Alors, même élevés dans le strict respect de nos traditions, nous adoptons forcément en partie une perspective blanche."

13 janvier 2024

Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla

Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla / Jean-Christophe Rufin - Gallimard, 2019 - 373 p. ; 22€  (bibli)

lesseptmariagesd'edgaretLudmillaUn homme, Edgar, homme d'affaires, une sorte de Bernard Tapie dont l'auteur ne se cache pas, en postface, de s'être inspiré et une femme d'origine russe, Ludmilla, cantatrice, se sont rencontrés en Ukraine, aimés, quittés puis retrouvés tout au long de leurs existences.

Ce roman qui ne m'a pas emballé. Je n'ai pas cru aux personnages, je n'y ai pas cru, dommage. Je sais que d'autres personnes l'ont apprécié alors faites-vous votre propre opinion si ça vous tente ! (et dites-moi !)
"Si je devais tirer une conclusion de leur vie, et il est singulier de le faire avant de la raconter, je dirais que malgré les chutes et les épreuves, indépendamment des succès et de la gloire éphémère, ce fut d’abord, et peut-être seulement, un voyage enchanté dans leur siècle. Il faut voir leur existence comme une sorte de parcours mozartien, aussi peu sérieux qu’on peut l’être quand on est convaincu que la vie est une tragédie. Et qu’il faut la jouer en riant."
"– Le premier, un mariage blanc. Ou tout comme: l’URSS, pas de visa, pas de papiers... 
– Bref, éluda Edgar. 
– Le deuxième, un mariage d'opérette. La Rolls rose, le frac et, derrière, l’escroquerie et presque la prison. 
Elle jeta un petit coup d’œil dans la direction d'Edgar. Leurs yeux riaient mais il baissa le nez. 
– Le troisième, un mariage de convenances. 
Ingrid avait redressé la tête d’un coup. Mieux valait ne pas en dire plus, sauf à la rendre indirectement responsable de ce troisième mariage, ce qu’elle contestait avec vigueur. Ludmilla glissa sur cet épisode et passa vite au suivant. 
– Le quatrième, un mariage pour les médias, Paris-Match, Point de vue, strass et paillettes. 
Ingrid se détendit. 
– Le cinquième, conclut lugubrement Edgar, un mariage d’exil."
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