Nos vies
Nos vies / Marie-Hélène Lafon - Buchet-Chastel, 2017 - 182 p. ; 15€ (bibli)
Jeanne Santoire vit seule. Elle a vécu autrefois une histoire d'amour, mais il est parti. Sa principale occupation consiste à observer et à inventer une vie aux gens simples qu'elle croise. Par exemple, quand elle fait ses courses au Franprix de la rue du Rendez-vous à Paris, elle invente une vie à Gordana, la caissière aux seins qui abondent, « Son prénom vient de loin, son maintien vient de loin, des frontières refusées, des exils forcés, des saccages de l’histoire qui écrase les vies à grands coups de traités plus ou moins hâtivement ficelés ». Il y a aussi à l'homme qui vient toujours à la caisse 4 pour passer avec Gordana. Ses divagations mentales l'amènent aussi à revisiter sa vie et ceux qui en faisaient partie. C'est un monologue silencieux, qui décrit ici la solitude urbaine et les vies minuscules.
« J’ai l’oeil, je n’oublie à peu près rien, ce que j’ai oublié, je l’invente.J’ai toujours fait ça, comme ça, c’était mon rôle dans la famille, jusqu’à la mort de grand-mère Lucie, la vraie mort, la seconde. Elle ne voulait plus personne d'autre pour lui raconter, elle disait qu'avec moi elle voyait mieux qu'avant son attaque."
On retrouve ici l'univers de cette auteur, son style alerte, foisonnant et descriptif, j'avais beaucoup aimé "Joseph", celui-ci se lit bien aussi.