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bouquine-bouquin
27 février 2019

Le lambeau

Le lambeau / Philippe Lançon - Gallimard, 2018 - 509 p. ; 21€     (prêté par Gwen, merci !)

lelambeauL'auteur, une des victimes de l'attentat commis contre les journalistes de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, nous fait part dans ce livre de sa descente aux enfers de la douleur et de la lente reconstruction. Celui qui était à disparu, une autre Ph. Lançon va renaître douloureusement, lentement, comme une mue.

« La vérité était que tout ce qui n'était pas présent dans cette chambre, là, sous mes yeux, s'éloignait. Je n'attendais rien de ceux qui n'étaient pas là. » « J'avais tissé mon cocon de petit prince patient, suintant, nourri par sonde et vaseliné autour d'un frère, de parents, de quelques amis et des soignants. Je ne voulais plus sortir du cocon, je m'en sentais incapable. La seule idée de quitter l'enceinte de l'hôpital m'effrayait. Ce n'était pas le lieu où j'étais tout-puissant ; c'était le lieu où mon expérience était vivable. »

Ce livre est admirablement bien écrit, riche d'enseignements et d'humilité. On y croise toutes les personnes qui l'ont aidées et surtout des figures du monde hospitalier, figures importantes, qui prennent une énorme place dans ce processus. Figures aussi des policiers, toujours à sa porte, figures de la famille et des amis proches, figures littéraires qui l'accompagnent et le soutiennent (Proust, Kafka...) Il y a bien d'autres réflexions sur la vie, les relations, la lecture, l'écriture, la musique, l'image de soi.

Je n'avais pas l'intention de le lire car je n'aime pas trop tremper mon sucre dans le malheur des autres mais j'ai fait confiance aux retours que j'en avais eus et je ne regrette vraiment pas. Dès j'ai commencé à le lire, je n'ai plus pu le lâcher. Il m'accompagnait partout et je l'ai lu d'une traite, presque en apnée. (la chance, j'étais obligée de rester tranquille chez moi quelques jours suite à une grippe/bronchite).

Ce qu'il a vécu est de l'ordre de l'indicible et pourtant, ce qui nous est donné ici c'est une belle leçon de vie et un beau texte littéraire. On passe de l'expérience intime à l'universel. Respect !

« Lambeau, subst. masc.
1. Morceau d’étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou arraché, détaché du tout ou y attenant en partie.
2. Par analogie : morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement. Lambeau sanglant ; lambeaux de chair et de sang. Juan, désespéré, le mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire (Borel, Champavert, 1833, p. 55).
3. Chirurgie : segment de parties molles conservées lors de l’amputation d’un membre pour recouvrir les parties osseuses et obtenir une cicatrice souple. Il ne restait plus après l’amputation qu’à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu’une épaulette à plat (Zola, Débâcle, 1892, p. 338). »

 

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Commentaires
T
Je l'avais lu quelques mois après vous (fin 2019) et chroniqué dans le cadre de mes "hommages" autour de Charlie Hebdo. Lançon y alterne l'histoire de son parcours antérieur à l'attentat et sa "reconstruction" (physique et psychologique). C'est intéressant à croiser avec d'autres livres-témoignages (ceux de Riss, de Catherine, de Luz, de Coco...). <br /> <br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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E
Oui j'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a accompagné plusieurs jours et semaines même après l'avoir terminé.
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bouquine-bouquin
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