Le temps où nous chantions
Le temps où nous chantions / Richard Powers (trad. de l'américain Jean-Yves Pellegrin) - 10/18, 2009 - 701 p.
Sur une route du Nebraska, là où les grues du Canada se posent à la fin de l'hiver, Marc Schulter est victime d'un grave accident. Il en réchappe mais il est atteint d'un curieux mal, il reconnaît tout le monde sauf sa soeur Karine dont il est très proche. Celle-ci réussit à persuader Gerald Weber, un célèbre neurologue de diagnostiquer son frère : il est atteint d'un syndrome rarissime, le syndrome de Capgras. Il croit que cette Karine-là est une imitation de sa vraie soeur et se trouve coincé dans une sorte de parano. Sa soeur souffre aussi de ne pouvoir l'aimer et l'aider comme il se devrait. Mais une zone d'ombre subsiste : qui est la mystérieuse personne qui lui a sauvé la vie en appelant les secours avant de disparaître en laissant un étrange message ?
Avec comme décor une petite triste ville américaine et une rivière accueillant la migration des grues, ce roman fort bien écrit, touffu et compliqué est un vrai plaisir !
"Weber est à la fois un grand vulgarisateur et un neuropsychologue pointu qui voit s'approcher la réponse scientifique, empirique, à une question fondamentale : « Comment le cerveau édifiait-il l'esprit et comment l'esprit édifiait tout le reste. Existait-il un libre arbitre ? » Voilà bien la puissance romanesque de Richard Powers, cette façon maîtrisée de nous parler ensemble d'assemblage neuronal et d'amour filial. Son héros, Gerald Weber, est un génie des sciences mais ne sait pas manipuler son portable.
Il est capable de démonstrations brillantes devant ses confrères du monde entier, puis se fissure devant son épouse qui lui demande des comptes sur ses sentiments. Derrière cette aventure intérieure, en toile de fond, les grues du Canada préparent leur migration, dansent au petit jour un ballet magique que l'homme et sa soif de bâtir détruiront année après année, en asséchant les marais et les rivières." (extrait de la critique de Télérama)