La voyageuse de nuit

La voyageuse de nuit / Laure Adler - Grasset, 2020 - 222 p. ; 19€     (prêté par Gwen, merci !)

"Le soleil se lèvera demain et j'espère que mes yeux s'ouvriront pour le voir."

"Actuellement j'aime les gens âgés, parcequ'ils sont modestes et souvent tristes.Ils se débattent parcequ'ils se sentent souvent laids. En fait, ils ne sont pas laids, ils sont intéressants comme des arbres qui ont survécu aux tempêtes." (Louise Bourgeois)

Dans cet essai, Laure Adler réalise un bon travail de journaliste. Elle explore, compile, rencontre des personnes pour nous donner un large aperçu de ce monde qu'en principe nous aborderons toutes et tous un jour, si ce n'est déjà fait : la vieillesse, comme on l'appelle. Une copieuse bibliographie nous encourage en approfondir les réflexions en allant lire directement les différents auteurs qui ont écrit sur ce sujet. Tous les domaines sont abordés : ressentis individuels de l'autrice ou de personnes rencontrées, santé, dépendance, inégalités sociales, commercialisation et profits (le nouvel eldorado "l'or gris") et comment notre société (ne) prend (pas) en charge ce phénomène grandissant et laisse les familles se "débrouiller". Il est urgent d'en faire une cause sociale nationale et de mettre enfin les moyens politiques et financiers à hauteur de cet enjeu !!

J'ai bien aimé cet ouvrage qui m'a donné une vision d'ensemble de cette problématique et m'a aidé à réfléchir sur ce sujet que je connais déjà par mon expériences et mes propres lectures et réflexions. Vieillir seul et en mauvaise santé n'est pas inéluctable. Acceptons chacun avec ses faiblesses, acceptons-nous avec nos faiblesses au lieu de répondre à cette injonction d'être un "bon vieux" ou une" bonne vieille", c'est à dire celle/celui  qui ne fait pas son âge, qui est dynamique, bénévole (ça arrange tout le monde) et qui ne demande rien surtout !! Et si ce n'est pas le cas, disparaissez ! Enfermons-les dans les lieux dédiés où ils attendent de mourir (vite, ce serait sympa !).

Ce livre pourrait être lu avec profit par les adultes... pas encore vieux et par les vieux mais les vieux, eux, savent déjà tout ça ! A lire ! J'ai bien aimé.

"George Sand, elle, aura le loisir et le plaisir de se voir vieillir et de ne jamais se plaindre. Dans sa correspondance elle décrit minutieusement les conséquences de cette évolution ; "On ne revient pas, on passe aussi, on est l'eau qui jase et qui coule. N'est-ce pas assez coulé, assez jasé, quand on a reflété de belles choses et qu'on les a aimées et chantées ? On s'ennuierait à continuer, on s'effraierait de recommencer. On vieillit seul, triste et recueilli mais tranquille, toujours tranquille."