Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple

Vie, vieillesse et mort d'une femme du peuple / Didier Eribon - Flammarion, 2023 - 326 p. ; 21 € (prêté par Christian, merci !)

Sa mère est placée en maison de retraite puis en EPHAD, elle y est morte peu après, comme beaucoup d'autres. Cet essai intime sur la vieillesse (et la vie) de sa mère, permet à l'auteur de nous livrer ses réflexions sur la place des vieux/vieilles dans notre société. Réflexions sociologiques et politiques sur les rapports de notre société au grand âge et à la mort. Des personnes qui sont vulnérables, dépendantes, amoindries physiquement et/ou intellectuellement, n'ont pas de voix, ni individuelle, ni collective. "Nous ne connaissons donc qu'en "extériorité" et jamais en "intériorité" la réalité de ce que vivent les individus vulnérables et dépendaants. On en fait parfois l'expérience douloureuse quand nous sommes confrontés au "placement" de nos parents en EPHAD, faute de mieux. "C'est la question politique fondamentale : qui parle ? qui peut prendre la parole ?" "et s'ils ne peuvent pas parler, qui le fera à leur place ?" qui peut faire entendre leur voix ?

Exploration personnelle, théorique et politique de ce sujetn quel'auteur avait déjà abordé dans "Retour à Reims", le documentaire tiré de cet essai passe sur Arte.tv en ce moment d'ailleurs !

Je me suis sentie très concernée par ce livre et touchée par l'honnêteté de l'auteur.

C'est un livre qui est très accessible. A lire !!!

Didier Eribon est né à Reims en 1953, il est (entre autre) philosophe et sociologue.

"Sa "maladie" s'appelait la vieillesse,
la maison de retraite serait sa "prison",
et elle devait renoncer à vouloir être
bien-portante et entièrement libre
de ses mouvements et de ses choix,
puisqu'elle ne l'était plus
et ne pourrait plus l'être."

"L'entrée en maison de retraite
c'est aussi l'entrée dans une sociabilité contrainte
et à laquelle il est quasiment impossible de se soustraire."