Camille, mon envolée
Camille, mon envolée / Sophie Daull - Philippe Rey, 2015 - 185 p. ; 16€ (bibli)
Récit bouleversant, direct, sans pathos et très réaliste, sous-tendu par une énergie de vie incroyable !
Camille, 16 ans, meurt brutalement après 4 jours de fièvre.
C'est sa mère qui écrit. Elle s'adresse à sa fille disparue et elle tient à tout raconter, pour ne pas oublier, pour remettre de l'ordre dans tous ces évènements et aussi parce que lui parler, c'est la garder encore près d'elle, la prolonger.
Alors elle raconte dans les détails, l'impensable, l'insoutenable : les 4 derniers jours avant sa mort puis les jours suivants (= les débuts sans elle et c'est la période de Noël), puis l'autopsie, l'enterrement.
Et ça s'arrête là. Par ces mots: "Adieu mon enfant."
On y retrouve la sidération, la douleur, mais aussi les rires parfois, les moments "normaux" (qui paraissent monstrueux), les "mauvaises pensées". Le chagrin des amis, leur présence et leurs marques d'affection : " la somme des mots d'amour reçus et entendus (...) formaient un chemin de coton, une ouate anesthésiante."
Tout est transcrit minutieusement. Par moments, c'est presque insoutenable, j'avais envie d'en arrêter la lecture car je me disais que ça ne me regardait pas, que c'était du domaine de l'intime et de l'indicible et que ça frisait le voyeurisme.
Et pourtant non, ce livre est fort. Ce livre est utile. C'est une question de survie pour l'auteur, mais aussi une aide et un soutien.
Finalement, lire c'est aussi ça, être le témoin silencieux et voyeur d'histoires qui ne nous appartiennent pas et que l'on partage sans gros risques mais qui nous forgent.
Ecoutez Sophie Daull parler elle-même de son livre (c'est court, 4 minutes) :
https://www.youtube.com/watch?v=BUt6CKtUDXU