La belle de Joza

La belle de Joza / Kvéta Legatova (trad. du tchèque par Eurydice Antolin) - Libretto,2014 - 156 p. ; 8.10€   (prêté par Frédé, merci !)

Pour échapper à la Gestapo, Eliska, brillante docteure tchèque, va devoir fuir et épouserJoza,  un homme frustre, laid, forgeron dans un village perdu. Elle se retrouve donc seule dans ce petit village paumé dans les montagnes dont la vie est régie par un fonctionnement archaïque auquel elle doit se plier, elle qui était "libre", entouréeet vivait dans le confort  ! Petità petit, elle va y trouver sa place et des joies profondes. Mais la Bête rode...

J'ai bien aimé !!  De la pudeur, des émotions et de belles descriptions de la dure vie rurale.

"Nous ne recevions pas d’argent. Les pauvres nous régalaient d’une slivovice que je sentais, dès la première gorgée, jusque dans mes doigts de pied. De chez les riches, nous emportions des paniers garnis : viande fumées maison, œufs, lard, beurre, grandes tartes aux fruits.

Mon savoir universitaire ne signifiait rien. Les leçons utiles, je les ai reçues ici. J’ai vu des chaumières à moitié vides, littéralement bues par la brute épaisse, des enfants battus et sous-alimentés, des petits vieux courbés, mais aussi des hommes fourbus, victimes de l’intempérance et de l’avidité des femmes. J’ai rencontré des mentalités arriérées, de l’égoïsme dépravé, une avarice insensée, et, d’un autre côté, une humilité angélique, la patience, la vaillance et l’amour.
Le monde de l’âme humaine, avec ses deux pôles irréconciliables, tournait ici comme une roue de moulin."

"Amour" est le mot le plus mal considéré du vocabulaire. On peut presque tout nommer ainsi. Toutes les convoitises, les habitudes égoïstes, l'envie, et même la haine et l'arrogance.
Ma relation à Joza méritait un examen.
Elle était indicible. Du moins, elle n'était pas simple. C'était de l'amitié, de la tendresse, de la compassion, mais aussi de l'angoisse et du désespoir.
Tout cela formant une soudure infrangible."

"De son vrai nom Vera Hofmanova née en Moravie en 1919, enseignante obstinément affectée dans des zones de montagnes par les autorités communistes voyant en elle « un cas problématique », Kveta Legatova, connaît un succès littéraire foudroyant au début des années 1990 avec la parution de son recueil de contes intitulé Zelary. Le prix d'État pour la littérature est aussitôt décerné à cette jeune auteur de 82 ans."

J'ai envie de le lire !! (Zelary)

PS pour Chantal : tu vois, celui-là, je l'ai commencé un soir et fini pendant la nuit... et le suivant pareil ;-)