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bouquine-bouquin
14 avril 2020

La symphonie pastorale

La symphonie pastorale / André Gide - Folio, 1972                                                  (boîte à livres)

symphoniepastoraleDans son journal, ce pasteur suisse raconte comment sa foi lui a dicté de recueillir dans sa famille (il a femme et enfants) une pauvre jeune fille aveugle et de l'éduquer, de "l'élever" dans la joie et la foi chrétienne. Il lui cache les laideurs humaines, il éloigne même son fils qui est tombé amoureux d'elle et entretient avec elle une relation de tendresse qui peu à peu, à son insu, se transforme en amour. Mais voilà, la morale religieuse et Gertrude elle-même ne vont pas se contenter de cette situation. Culpabilité, morale, jalousie, innocence, hypocrisie... c'est un drame qui se joue.

Ce récit publié en 1917, traite de la violence entre les sentiments éprouvés par ce pasteur et la morale religieuse qui les lui interdit. il traite aussi du pouvoir masculin, de l'emprise et de la manipulation. Il revisite également le mythe de l'enfant sauvage, de l'innocence flétrie par la découverte des passions humaines et de ses laideurs. Tout est centré autour du ressenti de cet homme, le plus aveugle des deux finalement, qui se cache à lui-même ses sentiments afin de "garder" auprès de lui cette âme "pure". Il est également totalement indifférent (ou aveugle) aux malheurs qu'il crée autour de lui (sa femme, son fils).

« [...] je n'ai point encore dit l'immense plaisir que Gertrude avait pris à ce concert de Neuchâtel. On y jouait précisément La symphonie pastorale. Je dis "précisément" car il n'est, on le comprend aisément, pas une œuvre que j'eusse pu davantage souhaiter de lui faire entendre. Longtemps après que nous eûmes quitté la salle de concert, Gertrude resta encore silencieuse et comme noyée dans l'extase.
- Est-ce que vraiment ce que vous voyez est aussi beau que cela ? dit-elle enfin. [...]
- Ceux qui ont des yeux, dis-je enfin, ne connaissent pas leur bonheur.
- Mais moi qui n'en ai point, s'écria-t-elle aussitôt, je connais le bonheur d'entendre.»

« Je me disais : c'est une enfant. Un véritable amour n'irait sans confusion, non rougeurs. Et de mon côté je me persuadais que je l'aimais comme on aime un enfant infirme ».

Bon, dans la série je relis des classiques, celui-ci se proposait à moi dans une boîte à livres. Difficile d'être super emballée par cette lecture carrément désuète ! ça vaut le coup tout de même (ne serait-ce que pour mesurer le chemin parcouru). C'est donc un "classique" et c'est là sa force car à l'époque il proposait une critique de l'ordre établi (avec un accent rousseauiste) et tant pis si c'est "cucul la praline"...

"Gide (protestant lui-même) écrit dans ses Feuillets d'automne : «A la seule exception de mes Nourritures, tous mes livres sont des livres ironiques; ce sont des livres de critique. [...] La Symphonie pastorale [est la critique] d'une forme de mensonge à soi-même.» Ainsi, le premier titre envisagé par l'auteur, l'Aveugle, aurait tout aussi bien pu désigner Gertrude, en raison de son infirmité physique, que le pasteur, en raison de son aveuglement moral. Plein d'une onction et d'une rhétorique très puritaines, son journal trahit son inconsciente hypocrisie. Il révèle en outre les nombreux préjugés et l'absence de véritable communication entre les êtres qui règnent au coeur d'une famille protestante modèle, et ce n'est sans doute pas un hasard si l'ouvrage a suscité l'indignation de bien des huguenots".     dit comme ça... j'adhère, respect !

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