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bouquine-bouquin
26 juillet 2021

Dîner à Montréal

Dîner à Montréal / Philippe Besson - Pocket, 2020 - 154 p.         (prêté par Claire, merci !)

dineràMontréalLe narrateur, écrivain, est à Montréal avec son jeune amant pour une signature en librairie. Il y retrouve son premier amour, Paul, qui avait rompu leur relation sans explicationce qui l'avait laissé très malheureux. Et c'est à l'occasion d'un repas à 4 au restaurant (Paul, sa femme, l'écrivain et son jeune amant) que le narrateur tente de comprendre et de panser cette blessure d'abandon pourtant ancienne. Il creuse, il questionne, il voudrait les explications qu'il n'a pas eu à l'époque et comprendre comment tout cela a influencé sa vie, si ça aurait pu se passer autrement. Entre les non-dits, les interprétations de chacun, les politesses d'usage, ce n'est pas facile de réussir à parler ensemble, mais il en sort tout de même apaisé. Maigre victoire ou baume indispensable pour trouver la paix et clore enfin ce chapitre ?

J'avais arrêté de lire Ph. Besson mais cet ouvrage m'a bien plu. Tout d'abord, il me fallait vraiment quelque chose de radicalement différent après le précédent (c'est gagné !), ensuite parce que j'ai trouvé une grande justesse dans ces questionnements, ces tâtonnements. Quand la vie avance, on ne peut pas faire marche arrière mais parfois, on peut se poser la question, comme ici, d'occasions ratées et de ce qu'elles auraient pu produire comme autre vie.

L'auteur décortique avec lucidité la passion et ses conséquences dans ce roman intimiste.

"Je préfère m'attarder sur les pensées à distance. J'ai toujours aimé l'idée que quelqu'un quelque part à un moment donné s'intéresse à nous sans que nous n'en sachions rien, au fait que nous-mêmes nous ayons de temps à autre un élan vers un tiers qui ne peut pas s'en douter.Et parfois, nous nourrissons l'espoir absurde, ridicule, que cette préoccupation soit partagée, comme si convoquer l'image d'une personne provoquait une connexion avec elle.
Je n'ai pas su que Paul pensait à moi, je l'ai espéré. Il n'a rien connu de mes esquisses de lui. Mais ça a existé."

"Le manque, il a entretenu le sentiment aussi. Et tu m'as manqué. Beaucoup. Vraiment beaucoup. C'est terrible, le manque, il te ronge, il te tord le ventre. C'est une sensation physique, ça ne te quitte pas. Et il y avait la vexation, la honte, parce que je n'avais pas été choisi. On croit que ça tue le sentiment mais non, ça le maintient en vie au contraire, ça fait qu'il est toujours là, comme pour nous rappeler notre défaite. Il y avait la rancœur, parce que j'étais convaincu que tu avais fait le mauvais choix, ou au moins que tu avais fait ton choix pour de mauvaises raisons. Et la rancœur, elle aussi, elle garde le sentiment vivace. Et puis je n'arrivais pas à te remplacer, au début. Je n'avais envie d'aucun homme. Ou alors ils ne s'intéressaient pas à moi, ils devaient voir ma mélancolie, ça tient toujours à l'écart la mélancolie. Ou tout simplement j'étais redevenu un type lambda, sur qui on se retourne pas. Ça rendait encore plus précieux que toi, tu te sois retourné, un jour. Alors oui, je t'ai aimé longtemps, après."

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