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bouquine-bouquin
12 mars 2023

Le guetteur

Le guetteur / Christophe Boltanski - Stock, 2018 - 287 p. ; 19€     (bibli)

leguetteurQuand sa mère est retrouvée morte au milieu du salon, là où elle s'était définitivement installée sur son matelas en occultant toutes les ouvertures, le fils va mener une enquête, une filature, pour essayer de comprendre qui était cette femme, sa mère. Il remontera jusqu'à son enfance terne et bourgeoise puis son passé d'étudiante pendant la guerre d'Algérie en tachant de récolter les témoignages des rares proches et quelques souvenirs. Cette en-quête fastidieuse et qui n'aboutit pas à grand chose lui rend cette mère (parano, engagée), définitivement incompréhensible et lointaine malgré son affection.

Ce roman est d'une construction compliquée, comme le personnage. Je me suis un peu endormie dessus, non pas qu'il m'ennuyait mais le ton était (volontairement je pense), monocorde et plat, comme un compte-rendu d'enquête !

Ce livre ne restera pas peut-être pas vraiment dans ma mémoire mais il est très intéressant à lire pour le côté politique et aussi sur ce genre de maladie et ce que n'en comprennent pas les proches. donc, A lire ! J'avais beaucoup aimé "la cache", du même auteur (lisez-le !).

"Ils formaient un bloc disparate dans ma bibliothèque, comme un corps étranger. Au début, je les contemplais sans oser les toucher. Je leur prêtais les pouvoirs maléfiques des vieux grimoires. Je ne me sentais pas en droit de les posséder, encore moins de les lire. Ils ne m'appartenaient pas. En les prenant, j'avais eu l'impression de commettre un vol, de piller une tombe ou de pirater un disque dur. Je m'emparais du passé d'une femme qui ne s'était jamais confiée à personne, pas même à ses enfants. Je forçais son intimité. Je fouillais dans ses poches, je retournais son petit sac en cuir qui ne la quittait jamais. Plus encore que de la culpabilité, j'éprouvais une appréhension. Je redoutais de trouver de la tristesse, de la haine, un épanchement bilieux, quelque chose de noir, de très noir. J'étais terrifié à l'idée d'entrer dans sa tête, de connaître ses désirs, de partager ses fantasmes, ses cauchemars, de contempler, de toucher ses blessures.
Ses calepins pouvaient aussi receler des trésors. Des fragments, des petits riens, des pointillés qu'il suffit de relier pour reconstituer une vie entière. Une écriture qui donne du sens à l'insignifiant. Des grains de sable racontant un monde disparu."(p. 108-109)

"Tout la rattachait au roman noir, à un univers noir, à une littérature qui vise moins à résoudre une énigme qu’à montrer la noirceur de la société. Son rejet de l’ordre établi, son caractère atrabilaire, son pessimisme foncier la portaient naturellement vers des auteurs qui s‘appliquent à dépeindre des villes pourries, des mondes dominés par des salopards, où le héros ne peut compter sur personne et ne vaut en général pas mieux que les autres. Il n’est pas nécessaire d’être un grand spécialiste pour reconnaître dans ses ébauches de textes l’influence des maîtres du genre, des auteurs américains qu'elle adulait comme Dashiell Hammett, David Goodis, James Cain ou Raymond Chandler."

 

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Commentaires
A
L'intrigue est simple, mais ce qui envoûte, c'est la petite musique de chaque phrase.
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bouquine-bouquin
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