Blanc

Blanc / Syvain Tesson - Gallimard, 2022 - 234 p. ; 20€ (prêté par Chantal, merci !)

Racontée  par S. Tesson, Blanc est une traversée des Alpes par trois fadas, Daniel du Lac, Philippe Rémoville et Sylvain Tesson de 2018 à 2021. Traversée des Alpes à ski de Menton à Trieste en passant par l’Italie, la Suisse, l’Autriche et la Slovénie et en restant au plus près de la crête axiale. Rien que la neige, rien que le Blanc !

Ils en ont bavé, ils en ont gueulé, ils ont failli y rester, ils se sont réchauffés le soir autour du poêle et sont repartis le lendemain dans le froid, les pentes et la tourmente. L'enfer, le paradis. La confiance totale en ses compagnons, le respect, la folie commune, des vers ou des textes comme os à ronger. "L'effort efface tout, nulle pensée", juste avancer mètre après mètre dans le blanc. "Du voyage faire une prière". "La flambée, le poêle, la soupe : nos conquêtes".

Bien sûr, c'est contestable, égoïste sûrement (la pandémie rode) et très élitiste mais cet homme cotoie la mort en permanence et il en fait des récits fascinants et érudits. J'aime cette écriture au passé simple !

J'ai beaucoup aimé ce récit de dingue. Moi qu'une chute oblige à l'immobilité, je l'ai lu comme une urgence, pour eux mais aussi pour moi. Ce récit cavale et nous emporte dans la violence des éléments, les risques, le silence, l'amitié "virile" (!) et le répit chaque soir.

A lire !

"Si nous avions eu pleine connaissance des crevasses sur lesquelles nous passions à l'aveugle, nous n'aurions jamais osé nous aventurer. Leçon pour la vie : ne pas tout savoir. La transparence est cet état qui, donnant à tout connaître, donne à tout redouter."

"Puis je m'en remis au petit dieu, le poêle à qui je fis mon offrande de bois. Et à nouveau ce furent les heures abandonnées, à murmurer, en regardant les braises, "je ne souffre pas, je ne risque rien, mes jambes se reposent, la nuit est mon sursis".

"L'alpiniste est un homme en fuite. Il brûle pour le sommet. Aussitôt parvenu, il se jette dans la descente. En bas, il rêve de remonter. Il veut la neige dure quand la neige est flasque, il appelle le soleil quand la couche est gelée. Il avance, insatisfait, cherchant plus loin ce qu'il n'obtient jamais. C'est un être inquiet, en quête perpétuelle, un semblable, un frère banal."