Paleto et moi

Paleto et moi, souvenirs de mon père indigène / Aparecida Vilaça (traduit du protugais (Brésil) par Diniz Galhos - éditions Marchialy, 2023 - 272 p ;21.10 € (prêté par Vincent, merci !)

"Aparecida Vilaça (née en 1958) est professeure d’anthropologie sociale à l’université fédérale de Rio de Janeiro. Elle fut invitée dans les établissement aussi prestigieux que l’EHESS et le Collège de France. Les recherches qu'elle mène depuis de nombreuses années chez les Wari', une population d'Amazonie brésilienne, lui ont permis de renouveler plusieurs questions classiques de la discipline: elle a notamment travaillé sur les conceptions de la personne et du corps, les conséquences du contact et la conversion des populations amérindiennes au christianisme. Ses travaux récents s'attachent ainsi à saisir l'expérience et la nature du changement en Amazonie indigène."

« Paletó est mort. » Quand Aparecida Vilaça reçoit le message, c'est le choc et le chagrin. L'anthropologue brésilienne Aparecita Vilaça s'est intéressée de très près au peuple indigène des Wari' dans la forêt amazonienne. Elle a vécu parmi eux en réelle immersion à partir de 1986, apprenant leur langue, leurs coutumes au point même de se faire "adopter" par Paleto, l'un des personnages importants de ce peuple, détenteur et témoin de leur histoire. Elle y est revenue également avec son mari et ses enfants. L'ouvrage s'ouvre sur la mort de Paleto en 2017. L'autrice ne peut participer aux funérailles mais elle raconte les rituels mortuaires de cette tribu. Elle nous fait partager en tous points la vie et les croyances de ce peuple sur presque un siècle. Elle nous explique dans un style très vivant l'organisation sociale des Wari'.  La disparition de beaucoup d'entre eux à cause de maladies à l'arrivée des colons ou leurs déplacements imposés et leur récente conversion à l'évangélisme terminent tragiquement cet ultime témoignage d'une société qui n'a plus de place dans ce monde. C'est aussi un hommage affectueux à cet homme qui lui a tant donné et le récit de cette relation particulière.

Récit bouleversant, passionnant, intime et très riche. J'ai beaucoup aimé et j'ai appris beaucoup de choses ! J'apprécie ce travail en immersion et cette énergie. A lire !!

«Bouleversant témoignage sur une personne rare, sur une civilisation maintenant en partie disparue et sur les dimensions affectives, souvent ignorées, du métier d’anthropologue ». Philippe Descola

"En tant que chaman, ou pajé, Wan e’ avait un autre corps, celui d’un queixada (un pécari à lèvres blanches), qui circulait dans la forêt et sous les eaux des rivières pendant que lui dormait, et parfois même lorsqu’il était éveillé. Je précise ici : queixada de notre point de vue, car les animaux se voient eux-mêmes comme des êtres humains, avec un corps humain et une vie sociale identique à celle des Wari’. Wan e’ avait la faculté de les voir ainsi, comme des personnes."