L'autre Rimbaud

L'autre Rimbaud / David LeBailly - L'Iconoclaste, 2020 - 365 p. ; 19 € (bibli)

"La photo est célèbre. C’est un premier communiant, cheveux sagement ramenés sur le côté, regard qui défie l’objectif. Il s’appelle Arthur Rimbaud. Mais sur le cliché d’origine posait aussi son frère aîné, Frédéric. Cet autre Rimbaud a été volontairement supprimé de l’image. Comme il fut « oublié par la plupart des biographes.
Pourtant, les deux frères furent d’abord fusionnels, compagnons d’ennui dans leurs Ardennes natales. Puis leurs chemins se séparèrent."

Dans ce roman, l'auteur revient sur l'histoire singulière de 'autre Rimbaud, Frédéric, d'un an plus âgé que Arthur et qui a été complètement banni par sa famille, surtout la mère, cocher, oublié dans l'histoire familiale et qui n'a même pas touché de droits sur les oeuvres de son frère. Pourquoi ? L'auteur, à partir d'un travail de recherche et de sa propre expérience, va mettre en lumière cet homme, injustement rejeté. L'histoire est révoltante, étonnante et n'est pas flatteuse pour le reste de la famille, y compris Arthur !

J'ai été très intéressée par ce livre que j'ai trouvé par hasard à la bibliothèque et revenant d'un séjour à Charleville-Mézière (ou j'ai bien sûr visité le musée Rimbaud). Je ne portais pas vraiment le personnage dans mon estime et ce  livre conforte mon impression.

David Le Bailly est journaliste et fait ici un travail d'enquête minutieux et passionnant. J'ai bien aimé, même si j'en ressors un peu frustrée car ce Frédéric n'a pas laissé de trace écrite et l'auteur a rempli les blancs comme il a pu (avec talent). On ne saura sûrement jamais les raisons profondes de la rupture avec ce frère/fils.

Très intéressant ! A lire !!!

"Cette histoire, je tenais à la raconter d'un point de vue différent, celui des "petits" cultivateurs, journaliers, domestiques, cette population méprisée par la famille Rimbaud, et dans son sillage, par ceux qui ont écrit sur elle ( à quelques exceptions, comme André Suarès ou Robert Goffin) . Face à la parole des notables, des bons élèves du collège de Charleville, je souhaitais tendre un micro imaginaire aux descendants de ces "vies minuscules", ces vies qui, pour Frédéric, avaient beaucoup compté. Et à travers elles, faire entendre, sinon la voix de l'autre Rimbaud, du moins sa version des faits." (p. 326)