L'Evangile selon Yong Sheng

L'Evangile selon Yong Sheng / Dai Sijie - Folio, 2020 - 485 p.              (prêté par Nadine, merci !)

Au début du XX° siècle, dans le village près de Putian en Chine méridionale, Yong Sheng reprend l'art de son père menuisier : ils fabriquent des sifflets qui sont accrochés aux plumes des colombes* et produisent de merveilleuses musiques quand l'oiseau vole. Son chemin croise celui de Mary et de son père, pasteur, et sa vocation naît de ces rencontres : il sera le premier pasteur chinois de sa région. Mais arrive la Révolution culturelle et tout s'effondre, lui avec, il devient un ennemi du peuple et son odyssée suit le chemin de celle du christ et de tant d'autres. Cet homme bon et naïf ne baissera pas les bras et suivra son destin. Il sera trahi trois fois par les gens qu'il aime, comme Jésus a été trahi trois fois par Judas. Dans la cour de sa maison qui devient tour à tour menuiserie, temple, orphelinat, pressoir à huile, un aguilaire, planté à sa naissance, sera le témoin de cette vie incroyable. «Mon vieil arbre avait connu toutes les vicissitudes de la vie. Il était mort, avait vécu l'enfer, mais dans les profondeurs de la terre, il était ressuscité". Ce livre se termine sur le magnifique concerto pour violon en ré majeur de Beethoven.

Pour ce roman, l'auteur s'est inspiré de la vie de son père.     A lire !

J'ai été emportée par ce récit romanesque, réaliste, onirique, merveilleux, proche de la nature et des hommes et femmes qui subissent dans leur chair les affres de l'histoire. L'insupportable nous est rendu supportable par un ton décalé, onirique (et même un peu humoristique). On est conquis par cette écriture très visuelle. Il écrit en français, ce qui rend le texte vif. J'ai surtout beaucoup aimé la première partie, période de son enfance et de la naissance de sa vocation.

Dai Sijie est né en 1954 à Putian, il vit en France depuis 1984, il est aussi l'auteur, entre autre, de  "la petite tailleuse chinoise", livre que j'avais bien aimé et "le complexe de Di".

*«Lorsqu'un groupe de colombes volaient dans le ciel, les sifflets attachés à leur queue offraient un concert symphonique grandiose d'une étonnante qualité (...) Chaque instrument présentait une tessiture différente , il y avait des barytons, des ténors , des contraltos, des sopranos qui se répondaient subtilement  pour enchanter le spectateur d'une symphonie flamboyante."