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bouquine-bouquin
22 décembre 2023

La mémoire délavée

La mémoire délavée / Natacha Appanah - Mercure de France, 2023 - 148 p. ; 17,50 €     (bibli)

lamémoiredélavéeC'est une histoire que j'ignorais. A partir de 1834 et jusqu'en 1872, pour remplacer les esclaves noirs, des indiens pauvres étaient envoyés pour travailler dans les champs de canne à sucre. On leur faisant miroiter une vie meilleure, eux qui étaient si pauvres. Mes arrières-grands parents de l'autrice ont suivi ce couloir de migration de l'Inde à l'Ile Maurice où, bien sûr, ils n'ont pas trouvé ce dont ils rêvaient. Ils sont restés et ont transmis plus ou moins cette histoire au fil des générations, jusqu'à l'autrice qui va procéder à un travail de recherche et de mémoire afin de restituer ce témoignage et raconter d'où elle vient.

"La transmission des origines dans ma famille s'est faite par plusieurs biais : des anecdotes, la religion, la culture, les superstitions et les croyances populaires, les tabous, les traditions et leur liturgie, le sens de la communauté, la cuisine."

« Je me demande combien il faut de générations pour qu'une peur disparaisse des mémoires ». 

"Au-delà des représentations documentées des Indiens « dociles », des Indiens « bons travailleurs », le camp, pour les engagés, est également un lieu où ils se sentent un peu protégés. Le système patriarcal à plusieurs niveaux (le propriétaire puis le contremaître puis le laboureur et, au bas de l’échelle, la femme) agit comme une écluse qui retiendrait ensemble ce monde. Le propriétaire domine, protège et paie ses employés ; le contremaître répond directement au propriétaire, surveille le travail du laboureur mais hors du travail, il est son égal et parfois un membre de sa famille ; le laboureur a peur de son propriétaire mais confiance dans son contremaître et peut prétendre, s’il travaille bien, à devenir lui-même contremaître ; la femme n’a pas de rôle autre que l’immense charge mentale et quotidienne du foyer et dépend directement de son mari/son père/son fils. Le « respect mutuel » qu’a évoqué Shiamdass est une illusion, je crois. Ce système « plantationaire » ne fonctionne que par le jeu de dominants-dominés et comme dans un engrenage, il faut de l’eau, de l’huile, un lubrifiant quelconque pour que la machine avance. C’est ce jus qui est appelé docilité, respect mutuel, entente, obéissance ou je ne sais quoi encore."

J'ai bien apprécié la délicatesse de l'écriture pour nous embarquer dans cette histoire entre souvenirs personnels et Grande Histoire. A lire !

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