Avoir un corps

Avoir un corps / Brigitte Giraud - Stock, 2013 -234 p. ; 18.50 € (bibli)

J'ai beaucoup aimé la justesse de ton, l'écriture et le sujet. A lire !!!

"Au commencement je ne sais pas que j'ai un corps. Que mon corps et moi on ne se quittera jamais. Je ne sais pas que je suis une fille et je ne vois pas le rapport entre les deux"

"Avoir un corps est la trajectoire d’une enfant qui devient fille, puis femme, racontée du point de vue du corps, une traversée de l’existence, véritable aventure au quotidien où il est question d’éducation, de pudeur, de séduction, d’équilibre, d’amour, de sensualité, de travail, de maternité, d’ivresse, de deuil et de métamorphoses. L’écriture au réalisme vibrant, sensible et souvent drôle, interroge ce corps qui échappe parfois, qui ravit ou qui trahit. Un roman qui rappelle que la tête et le corps entretiennent un dialogue des plus serrés, des plus énigmatiques". (4ème de couv.)

"Le corps pleure, secoué de spasmes, les nerfs craquent, la carcasse s'affaisse d'un coup. Ca ne dure pas longtemps, le temps de dire à la mère que ça ne va pas, le temps d'oser s'écrouler, laisser les bras dégringoler le long du buste, la colonne plier, les cheveux se coller sur les tempes poissées de larmes. (...) Elle sanglote mais la mère ne sait toujours pas pourquoi. (page 90)

Extrait de la lecture faite par B. Giraud aux Escales de Binic, accompagnée des chansons de Albin de la Simone :

"Le garçon quitte ses chaussures et parfois non. C'est mi qui fait les courses et parfois non.. Nous prenons notre bain ensemble. C'est lui qui pose les étagères et change les ampoules qui ont claqué. C'est lui qui fait la vaisselle mais parfois non. C'est moi qui range et c'est lui qui dérange.C'est lui qui fait du café et moi qui jette le filtre.C'est lui qui fume et moi qui videC'est lui qui ouvre le tube de dentifrice et moi qui le ferme. (...) les cendriers. C'est lui qui fait le lit mais parfois non.C'est lui qui met l'essence dans la moto et qui répare le radiateur en panne. C'est moi qui vide la poubelle de lasalle de bain et lui qui descend la poubelle de la cuisine." (page 107)

"Notre vie se poursuit, comme si le fil du temps ne nous concernait pas. Les années passent, sans que nous ayons conscience de notre jeunesse, de l'immensité du temps que nous avons devant nous, et dont nous n'imaginons pas qu'il est à l'origine de notre toute-puissance". (page 126)

J'ai bien aimé certaines descriptions au plus près des évènements de la vie d'une femme, vécus par le corps. Parfois c'est drôle et parfois non.  Les sensations, les émotions, les sentiments, tout ramène au corps, à notre corps, cet inconnu.

Comments

[Anne]

J'ai découvert B Giraud aux Escales de Binic avec Betty , j'ai beaucoup aimé sa lecture de textes entrecoupée de chansons légères et graves à la fois de A de la Simone et, dans la foulée, j'ai lu "Avoir un corps" et "J'apprends" : l' écriture concise et réaliste , la description des étapes de la vie ... font écho, je pense, pour chacun(e), à des souvenirs, des sensations, des émotions ; du coup, j'ai envie de lire d'autres bouquins de cet auteur .