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bouquine-bouquin
15 juin 2022

L'angoisse du roi Salomon

L'angoisse du roi Salomon / Romain Gary (Emile Ajar) - Foloi, 349 p. (prêté par Lucienne, merci !)

CVT_Langoisse-du-roi-Salomon_2177Monsieur Salomon, roi du pantalon prêt-à-porter a quatre-vingt-cinq ans et a l'intention de vivre le plus longtemps possible ! Caché dans une cave pendant quatre ans, il n'a pas échappé à la Gestapo pour rien ! Il rencontre Jean par hasard en montant dans le taxi de celui-ci et sa guele de voyou le séduit de suite. Il l'embauche donc pour lui servir dechauffeur à l'occasion et rejoindre le groupe de bénévoles de SOS amitiés qui répond aux appels de détresse des gens seuls. On les aide au téléphone mais parfois on ve mêm chezeux pour leur offir des fleurs ou un peu de présence. Justement, une certaine Mademoiselle Cora Lamenaire âgée de 65 ans (à ses dires), ancienne chanteuse est bien seule. Jean, dit Jeannot-Lapin, va s'occuper d'elle. C'est lui le narrateur, il n'est pas beaucoup allé à l'école mais il adore lire et encore plus apprendre des définitions dans le dictionnaire. Il a un gran coeur et pour il est prêtà tout donner.

Délicieuse histoire de paumés magnifiques et pleins d'humanité. Deux pages et on a déjà le sourire aux lèvres ! J'adore tous ses livres ! On a envie de tout retenir, lire et relire !

C'est le dernier roman de Romain Gary publié sous son pseudo Emile Ajar en 1979.

Il est important de lire et de le relire Romain Gary/Emile Ajar pour ne pas l'oublier, pour ne pas s'oublier soi et pour ne pas oublier les autres. 

" C’est assez difficile, vous verrez. Finalement, tout ça se réduit à un excès d’informations sur nous-mêmes. Autrefois, on pouvait s’ignorer. On pouvait garder ses illusions. Aujourd’hui, grâce aux médias, au transistor, à la télévision surtout, le monde est devenu excessivement visible. La plus grande révolution des temps modernes, c’est cette soudaine et aveuglante visibilité du monde. Nous en avons appris plus long sur nous-mêmes, au cours des dernières trente années, qu’au cours des millénaires, et c’est traumatisant. Quand on a fini de se répéter mais ce n’est pas moi, ce sont les nazis, ce sont les Cambodgiens, ce sont les… je ne sais pas moi, on finit quand même par comprendre que c’est de nous qu’il s’agit. De nous-mêmes, toujours, partout. D’où culpabilité. Je viens de parler à une jeune femme qui m’avait annoncé son intention de s’immoler par le feu pour protester. Elle ne m’a pas dit contre quoi elle voulait protester ainsi. C’est évident, d’ailleurs. Le dégoût. L’impuissance. Le refus. L’angoisse. L’indignation. Nous sommes devenus im-pla-ca-ble-ment visibles à nos propres yeux. Nous avons été brutalement tirés en pleine lumière et ce n’est pas jojo. Ce que je crains, c’est un processus de désensibilisation, pour dépasser la sensibilité par l’endurcissement, ou en la tuant, par le dépassement, comme les Brigades rouges. Le fascisme a toujours été une entreprise de désensibilisation."

"Mr Rubinstein : D’accord, Jean. Il ne nous reste plus que l’affectivité. Je sais que la tête a fait faillite. Je sais que les systèmes ont fait faillite, surtout ceux qui ont réussi. Je sais que les mots ont fait faillite et je comprends que tu n’en veuilles plus, que tu essayes d’aller au-delà et même de t’inventer un langage à toi. Par désespoir lyrique."

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